Une dose d’été à l’automne et en hiver
Grâce à mes études doctorales menées à l’Université Laval en collaboration avec le Centre de Recherche Université Laval Robert-Giffard, j’ai pu me familiariser avec la luminothérapie, un traitement reconnu scientifiquement et efficace pour contrer la dépression saisonnière.

Il est malheureux de constater que la plupart des gens affectés du TAS ne consultent pas un spécialiste croyant que plusieurs vivent l’automne et l’hiver de façon difficile. Ceux qui consultent leur médecin de famille repartent souvent avec une prescription d’antidépresseurs alors qu’un traitement adapté à ce trouble existe depuis plus de 20 ans et plusieurs recherches scientifiques ont démontrées son efficacité : la luminothérapie. Heureusement, mon rôle est d’informer autant les intervenants en santé de ce traitement que le public, de plus en plus à l’affût des diverses cures pouvant les aider.

Mode d’emploi
Il s’agit de s’exposer le matin (idéalement à la même heure) à une source contrôlée de lumière artificielle pour une durée de 20 à 30 minutes. À noter que la durée d’exposition varie d’une personne à une autre.

La lampe diffuse une intensité lumineuse de 10000 lux. En comparaison, un bureau bien éclairé peut diffuser 300 lux, une journée nuageuse est d’environ 2000 lux, alors qu’une magnifique journée ensoleillée l’été est d’environ 100000 lux. En plus de la forte intensité lumineuse, les lampes de luminothérapie possèdent un spectre lumineux spécifique et sont munies d’un filtre ultraviolet.

Intensité lumineuse

Il faut également savoir que l’effet thérapeutique de la lumière passe par les yeux et non la peau, il est donc essentiel de garder les yeux ouverts lors du traitement, mais de ne pas fixer les tubes fluorescents. Cependant, il n’est pas dangereux d’y jeter un coup d’œil. Il est possible de lire, manger ou tout simplement de se reposer sous la lampe, placée à une distance de 50 cm de soi, afin que le visage soit baigné par la lumière.

Après 1 à 2 semaines d’utilisation régulière, on peut observer une augmentation de l’énergie et du bien-être chez 50% à 80% des utilisateurs. Il est préférable de commencer le traitement à la fin de l’été et de le poursuivre tout l’automne et l’hiver jusqu’au début du printemps, car les rechutes sont rapides. Les effets bénéfiques de la lampe de luminothérapie s’étendent également à d’autres troubles dont la boulimie, le syndrome prémenstruel, la dépression non-saisonnière, les troubles du sommeil et le décalage horaire.

Luminothérapie Marie-Pier Lavoie, psychologue

Les effets secondaires sont rares, mais certaines personnes peuvent ressentir des maux de tête ou des irritations aux yeux. Pour contrer ces problèmes, il s’agit de diminuer l’intensité lumineuse en s’éloignant de la lampe et en raccourcissant la durée d’exposition. De plus, si vous vous exposez trop tard durant la journée, il est possible que vous vous sentiez agité le soir ou la nuit…pour cette raison, il est préférable de faire le traitement en avant-midi.

Comment choisir une bonne lampe de luminothérapie ?
Pour bien choisir sa lampe de luminothérapie, vous devez considérer 3 critères indispensables :

1. Une intensité lumineuse de 10 000 lux
2. Un large champs lumineux (méfiez-vous des lampes portatives trop petites)
3. Une lumière blanche *

*Attention à la nouvelle technologie DEL (diode électro-luminescence) qui utilise les longueurs d’ondes bleues. Nouvelle sur le marché et moins dispendieuse, les DEL comportent l’avantage d’être plus efficace puisque l’œil humain est plus sensible à la longueur d’ondes bleues. Cependant, certaines études montrent qu’à long terme, elles pourraient être dommageables pour la rétine. Les spécialistes du domaine sont donc prudents et recommandent l’utilisation de lampes de luminothérapie ayant déjà fait leur preuve et ayant été testé à long terme.

Comment ça marche ?
Globalement, la luminothérapie est efficace car la lumière traverse les différentes couches de l’œil, pour atteindre la rétine, tout au fond, qui transmet un message au cerveau. Pour l’instant, bien que plusieurs études scientifiques montrent l’efficacité de la luminothérapie par rapport à un placebo, le mécanisme biologique derrière ces bienfaits reste inconnu.

Par contre, ma thèse de doctorat a amené un éclairage nouveau sur le processus thérapeutique de la luminothérapie. En effet, à l’aide du Dr Marc Hébert, du Centre de Recherche Université Laval Robert-Giffard, nous avons mesuré la sensibilité rétinienne d’un groupe témoin et d’un groupe de gens atteints de dépression saisonnière. Il a été montré que la sensibilité rétinienne des gens affectés de dépression saisonnière se rétablissait à l’été, lors de la rémission naturelle ou suite à quatre semaines de luminothérapie durant la phase dépressive. Ainsi, ma thèse montre la première preuve biologique de l’action efficace de la luminothérapie! 

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